Le professeur Ibrahim Salami condamne l’indécision de la commission Djogbénou

Avec ses arguments et ses convictions, Ibrahim Salami, professeur agrégé de droit public, a exprimé, hier sur l’émission « Le Grand rendez-vous » de la station Soleil FM, sa désolation face à l’indécision qui a caractérisé la commission en charge des réformes politiques et institutionnelles sur plusieurs sujets qui appellent son éclairage.

Le professeur Ibrahim Salami n’a pas fait dans la dentelle pour dire  que la commission chargée des réformes institutionnelles et politiques  n’a pas fait œuvre utile. Ce qui a fondamentalement causé la désapprobation de cet agrégé de droit public, c’est l’indécision dont a fait montre cette commission sur bien de sujets. «  La commission a dit tout ce qui  est possible mais n’a pas dit ce qui sera utile pour le système constitutionnel béninois », a tranché l’universitaire.
Au sujet du mandat unique, Ibrahim Salami a martelé avec foi et conviction qu’il était du ressort de cette commission de trancher cette question. Il pense, sur cette question et celle relative à la Cour constitutionnelle, que la commission a fait plus un travail politique que technique. Il a une foi inébranlable en ce que la constitution du Bénin reste une des meilleures dans la sous-région.

« Aphone » sur le mandat unique

Bien entendu, le professeur Salami reste lucide et croit que cette loi fondamentale n’est pas grevée du sceau d’immuabilité. Toutefois, la question du mandat unique est, soutient-il, un pacte démocratique du système politique béninois, parce qu’elle fait partie des options fondamentales de la conférence nationale. Le professeur Ibrahim Salami a également fait observer qu’il est une incongruité de s’inspirer de l’hyperactivité de la gouvernance Yayi pour fixer dans le marbre un mandat unique. S’il est vrai que le candidat Talon, dans son projet de société, prévoyait la suppression de certains pouvoirs du chef de l’Etat, le professeur Salami se demande jusqu’ où va-t-on retrancher le pouvoir d’un chef de l’Etat dans un régime présidentiel, pour ne pas l’affaiblir. D’ailleurs, il estime que s’il est de la volonté des dirigeants actuels de réduire les pouvoirs du chef de l’Etat, il serait plus judicieux de changer la forme du régime. Pendant que la tendance dans la sous-région et au plan mondial est à l’augmentation du nombre de mandats, il reste préoccupé que la commission soit restée aphone sur une si importante question.

Un travail « inachevé »


A tout le moins, ce membre de la commission dite « Gnonlonfoun » demande aux dirigeants actuels de ne pas avoir l’obsession du mandat unique. « Talon voulait le renforcement du modèle démocratique et non la rupture totale des acquis démocratiques issus de la conférence nationale des forces vives de février 1990 », a-t-il dit.  Au vu de l’indécision de la commission et de bien d’autres biais, le professeur conclut que la commission a fait un travail inachevé. Du reste, la priorité à l’heure actuelle pour le Bénin est, selon lui, la sécurité, le chômage, la bonne gouvernance, la misère, l’éducation pour tous, etc. Il n’en demeure pas moins que le professeur trouve dans le rapport de cette commission quelques points encourageants. «  Je suis contre la rupture constitutionnelle, mais je suis pour un nouveau départ constitutionnel », a-t-il conclu.

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