Après 2011, y aura-t-il une seconde chance pour ABT ?
Le destin d'Abdoulaye Bio Tchané en pointillés | |
Même ses adversaires politiques le classent parmi les têtes d’affiche de la présidentielle du 28 février prochain. Candidat malheureux à la présidentielle de 2011, Abdoulaye Bio Tchané est crédité d’être préparé pour la fonction présidentielle. Sera-t-il pour autant le successeur de Boni Yayi ?
L’impressionnant parcours professionnel d’Abdoulaye Bio Tchané suscite profonde admiration et grand respect. Dans le starting-block de la course à la magistrature suprême, son CV suscite respect et émerveillement. Cet aspirant à la fonction la plus élevée de la République est un cadre chevronné de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO).
En Mai 1998, il est nommé ministre de l’Economie et des finances au sein du gouvernement de Mathieu Kérékou. En janvier 2002, Abdoulaye Bio Tchané devient directeur Afrique du Fonds monétaire international (FMI). Six ans après, il est nommé au poste de Président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). Depuis juin 2013, le leader de l’alliance ABT est devenu le Président du Fonds africain de garantie, une grande institution chargée d’apporter sa garantie au financement des petites et moyennes entreprises.
En un mot comme en mille, le profil d’Abdoulaye Bio Tchané est éloquent. Un autre candidat à la présidentielle 2016 ne peut exhiber un CV aussi impressionnant que celui du leader des « Tabati-Taba ». De cette vue, si la présidentielle était une affaire de réussite de parcours professionnel, on confierait sans crainte les destinées du Bénin à ce fils de Sèmèrè.
Pétri d’expériences
En matière d’expérience de gestion du pouvoir d’Etat, Abdoulaye Bio Tchané n’est pas du reste. Ces quatre années passées aux côtés du président Mathieu Kérékou en qualité de ministre en charge de l’Economie lui ont permis de faire ses classes. L’histoire retient qu’il a été un brillant ministre avec à son actif plusieurs prouesses à son tableau de chasse. Sa brillante carrière au plan national comme international lui donne donc le meilleur profil pour la présidentielle de 2016.
Dans l’arène politique, Abdoulaye Bio Tchané n’est pas un ovni. Troisième lors de la présidentielle 2011 avec 6,5% des suffrages exprimés au premier tour, ABT arbore depuis la posture de candidat sérieux.
Le grand maître du nord
En l’absence de Boni Yayi et d’autres candidats de poigne de la partie septentrionale dans la course à la Marina, Abdoulaye Bio Tchané semble se positionner comme le grand maître du nord. Né à Djougou le 25 octobre 1952, il a la faveur de la providence d’être du nord-Bénin. En bon fils du terroir, il saura tenir le langage approprié à ses frères de la partie septentrionale afin de conquérir leur cœur. Abdoulaye Bio Tchané peut également compter sur ses réseaux existants ainsi que le travail abattu par son alliance lors des dernières législatives pour verrouiller les deux grands nord. Il est vrai que cette présidentielle est atypique en raison du nombre important de candidatures venues du septentrion. Mais cette avalanche de candidatures n’est pas, à la vérité, un véritable frein au succès d’ABT. Il aura à partager certaines voix dans Bembèrèkè avec Robert Gbian, à Parakou avec Ajavon en raison de la présence du « buffle de Parakou », Rachidi Gbadamassi, et accessoirement quelques soutiens de Patrice Talon et autres dans le nord. Mais quoi qu’on dise, le vote des populations du nord-Bénin sera orienté plus vers un fils du terroir, dont Abdoulaye Bio Tchané en est l’illustration la plus parfaite.
Véritable homme de la rupture
Pendant que la prochaine présidentielle prend de plus en plus une allure de référendum pour ou contre la continuité de Boni Yayi, Abdoulaye Bio Tchané peut se targuer d’être le seul candidat qui incarne la vraie rupture. Le leader des « Tabati-Taba » est visiblement le seul parmi les candidats de renom à n’avoir pas pactisé avec le régime de la refondation. Il est resté depuis ces 10 dernières années avec son équipe, bien loin de la gestion du pouvoir, des errements et des égarements du régime du changement métamorphosé en celui de la refondation.
En outre, si son alliance est partie prenante de la coalition ayant porté Adrien Houngbédji au perchoir au Parlement le 19 mai dernier, les confidences relèvent qu’elle ne s’est pas prêtée au jeu osé des « Télécommandes ».
Mieux, en coltinant la candidature de son poulain, Pascal Irénée Koupaki, le professeur Albert Tévoédjrè n’a pu se soustraire à la tentation de faire observer qu’Abdoulaye Bio Tchané est un très bon candidat. Le renard de Djrègbé avait même suggéré un certain « mariage » entre les deux, en raison d’une certaine similitude de points de vue et de l’excellente qualité des projets de société.
Sur un autre angle, Abdoulaye Bio Tchané à l’avantage de s’exprimer dans plusieurs langues nationales du nord comme du sud. Cet avantage préférentiel qu’il a sur d’autres candidats fait de lui le « natif natal » sur tout le périmètre national. De quoi lui faire monter la moutarde au nez pour prétendre être le successeur naturel de Boni Yayi.
Trop beau pour être président
Au-delà de ses grandes qualités, Abdoulaye Bio Tchané a également d’illustres défauts. Il est réputé être un homme si taciturne qu’il devient même aphone face à certains débats démocratiques. Dans l’arène politique, on reproche à Abdoulaye Bio Tchané de ne pas faire preuve d’audace. Il lui est fait le grief d’avoir trop longtemps fermé les yeux et les oreilles sur les dérives dictatoriales de Boni Yayi et de ses affidés. Ses absences remarquables et remarquées des combats majeurs de la vie démocratique amènent certains politiques à ne pas lui accorder leur soutien. Abdoulaye Bio Tchané est aussi vu par ses pairs comme le candidat qui veut accéder à la magistrature suprême avec procuration. A ce titre, on constate aisément que la mobilisation politique derrière sa candidature ne pèse pas une plume de moineau. Autour de sa candidature se lit une absence de lobby religieux, d’opérateurs économiques, de syndicalistes et de grandes voix de la République.
Sur un autre angle, il est reproché à Abdoulaye Bio Tchané d’être d’un caractère altier. Un proche de ses proches confesse que le candidat est peu expansif. Ce qui amène ses détracteurs à prononcer la fatwa de sa disqualification à diriger le Bénin.
Entre Yayi et Tchané, pourquoi une haine si tenace ?
Boni Yayi est la véritable épine dans les pieds d’Abdoulaye Bio Tchané pour parvenir à la magistrature suprême. Son élection à la présidentielle dépend en bonne partie du règlement de ses inimitiés avec l’actuel locataire de la Marina. En 2011, Abdoulaye Bio Tchané était passé à un cheveu de son destin, en raison de la présence de Boni Yayi qui voudrait absolument rempiler. Cinq ans après, on pouvait s’imaginer que la forclusion de Boni Yayi pouvait lui permettre d’accéder plus aisément à son souhait. Mais hélas ! Abdoulaye Bio Tchané ne décolle toujours véritablement pas dans les sondages. Pourtant il était permis de croire que sa candidature pourrait être portée par Boni Yayi. Contre toute attente, ce dernier positionne et soutient activement la candidature de Lionel Zinsou, un inconnu du landerneau politique. On cherche vainement dans tous les sens à savoir ce qui oppose véritablement Boni Yayi à Abdoulaye Bio Tchané. Or, il est un fait que pendant les cinq dernières années de gouvernance de Boni Yayi, le leader des « Tabati-taba » s’est employé à adopter un profil bas et à ne pas critiquer le chantre de la Refondation, escomptant le retour de l’ascenseur de celui-ci. Ce qui n’est pas le cas. Aujourd’hui que Boni Yayi a choisi son dauphin, Lionel Zinsou serait à même de ravir les voix du nord à celui qui devrait en être le légitime destinataire. D’un autre côté, Abdoulaye Bio Tchané fait les frais dans l’opinion d’avoir trop ménagé Boni Yayi.
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