Le recours de la coalition de la "Rupture" contre le retard dans la distribution de cartes d'électeurs
Le micmac autour de la distribution à bonne date des cartes d'électeur inquiète certains candidats à la délicate succession de Boni Yayi qui ont formé un recours devant la Cour constitutionnelle. Ces candidats réunis au sein de la coalition dite de la "Rupture"observent qu'il y a manifestement violation des articles 26 et 6 de la Constitution ainsi que de l'article 183 du Code électoral par le COS-LEPI. Ils invitent la haute juridiction à dire le droit pour éviter au pays l'impasse. Le report du scrutin de 28 février prochain est imminent.
LIRE LE RECOURS DE LA COALITION DE LA "RUPTURE"
A Messieurs le Président et Conseillers
composant la Cour constitutionnelle du Bénin
RECOURS
Pour : 1)
Monsieur Rufino Sosthène d’ALMEIDA
Avocat,
Directeur de Cabinet du Président Abdoulaye
BIO TCHANE
Maison Hazoumè à Guinkomey (Cotonou)
Email : dc@abiotchane.org
Tél. :
+229 65 26 45 45
2) Honorable Sacca LAFIA
Député,
Directeur de campagne du candidat Patrice
TALON
BP : 122 GODOMEY (BENIN)
Email : s.lafia@yahoo.fr
Tél. : 97 09 28 96
Requérants,
Contre : Le COS/LEPI,
Dont le siège est sis à Agblangandan
(Sèmè-Pkodji).
Défendeur,
PLAISE
A LA COUR,
Le Présent recours
vise à obtenir de la Cour constitutionnelle de céans qu’elle déclare contraire
aux dispositions constitutionnelles :
-
L’absence de mise
à disposition des membres du corps électoral par le COS/LEPI, à ce jour, et
certainement le 28 février 2016, date retenue pour le premier tour de la
prochaine élection présidentielle, des nouvelles cartes d’électeurs ;
-
La distribution
discriminatoire des cartes d’électeur aux membres du corps électoral ;
-
Le refus du
COS/LEPI de permettre aux candidats de s’enquérir du niveau réel d’impression
des cartes d’électeur.
Plus généralement,
il sera demandé à la cour de constater, au besoin, à la suite d’une mesure
d’instruction spécifique, la défaillance du COS/LEPI dans la distribution des
cartes d’électeurs et d’affirmer que la disponibilité des cartes d’électeur est
une condition nécessaire et indispensable d’organisation de l’élection
présidentielle des 28 février et 13 mars prochains.
1- Faits et
procédure :
Dans le cadre de
l’organisation apaisée de l’élection présidentielle prochaine, plusieurs des candidats
à ladite élection se sont organisés au sein d’une coalition dite de
« RUPTURE ».
Les coalisés
entendent par leurs initiatives obtenir des organes qui en ont la charge que
l’élection dont s’agit soit organisée dans la transparence et la fiabilité
requises.
C’est ainsi qu’une
délégation des coalisés au sein de laquelle les concluants représentaient
respectivement Monsieur Abdoulaye BIO TCHANE, candidat, Président de l’Alliance
Avenir d’un Bénin Triomphant (ABT) et Monsieur Patrice TALON, s’est rendue le jeudi 4 février au siège du
COS/LEPI sis à Agblangandan dans la commune de Sèmè-Kpodji aux fins de
s’enquérir :
1- Du niveau d’avancement de l’impression des nouvelles
cartes d’électeurs et des dispositions prises par cette institution pour leur
distribution parfaite et totale dans les conditions prévues par notre Code
électoral ;
2- Des dispositions prises par cette institution pour
sécuriser la distribution des cartes et, plus particulièrement celles qui
n’auraient pas été retirées par leur titulaire.
Des échanges entre les candidats et le
COS/LEPI, il ressort que :
1- La production des cartes d’électeurs est en cours et
que l’impression de la dernière carte est projetée pour le 10 février
prochain ;
2- Le COS/LEPI a programmé une distribution échelonnée
par aire opérationnelle. Le chronogramme de distribution se présente comme
suit :
-
Borgou/Alibori :
démarrage le 5 février pour une fin le 19 février 2016 ;
-
Atlantique/Littoral :
démarrage le 7 février pour une fin le 21 février 2016 ;
-
Ouémé/Plateau :
démarrage le 9 février pour une fin le 23 février 2016 ;
-
Zou/Collines :
démarrage non précisé
-
Mono/Couffo :
démarrage non précisé
-
Atacora/Donga :
démarrage non précisé
3- Le COS/LEPI n’a pas donné à la délégation
l’opportunité de visiter le centre de fabrication des cartes, pourtant situé
dans les environs de son siège. Plus généralement, le Président du COS/LEPI n’a
pas été en mesure d’indiquer à la délégation, quels sont les départements dont
les cartes sont déjà imprimées et ceux dont l’impression est en cours ou prévue
pour les jours suivants. Aucune information n’a pu être donnée sur le rythme quotidien
de production des cartes.
2- Discussion
2.1 Sur la
violation par le COS/LEPI des articles 6 et 26 de notre constitution
La distribution des cartes d’électeur par aire
opérationnelle et de manière échelonnée est inhabituelle dans notre pays puisque
en 2015 dans le cadre des dernières élections législatives, municipales,
communales et locales, la distribution a été faite simultanément sur toute
l’étendue du territoire.
La programmation
initiée par le COS/LEPI met les électeurs béninois dans une situation
différentielle alors même que l’égalité des citoyens est un principe général à valeur
constitutionnelle.
En effet, il
s’évince de l’article 26 de notre Constitution que :
« L'Etat assure à tous l'égalité devant la loi
sans distinction d'origine, de race, de sexe, de religion, d'opinion politique
ou de position sociale. L'homme et la femme sont égaux en droit. L'Etat protège
la famille et particulièrement la mère et l'enfant. Il veille sur les
handicapés et les personnes âgées »
(Art. 26 de
la Constitution).
Ceci est encore plus
vrai en matière électorale puisqu’il ressort de l’article 6 de notre Loi
fondamentale que :
« Le suffrage est universel, égal et secret. Sont électeurs, dans les conditions
déterminées par la loi, tous les nationaux béninois des deux sexes, âgés de dix
huit ans révolus, et jouissant de leurs droits civils et politiques » (Art. 6 de la Constitution).
Ainsi, toutes les
autorités en charge d’un service public, tel étant le cas du COS/LEPI, doivent
œuvrer dans le respect de ce principe.
Or, la programmation
qui prévoit une distribution des cartes dans l’aire opérationnelle
ATACORA/DONGA en dernière position parait illogique et discriminatoire étant
entendu que cette région de notre pays est très éloignée du centre de fabrication
des cartes.
A l’évidence, tous
les électeurs de ces deux départements ne pourront pas disposer de leur carte
avant le premier tour du scrutin dès lors que l’Honorable Augustin AHOUNVOEBLA
a précisé aux membres de la délégation que les cartes d’électeurs de
l’ATACORA/DONGA ne seraient disponibles que le 10 février prochain.
Par conséquent, il
est demandé à la Cour de constater que la programmation du dispatching des
nouvelles cartes d’électeurs retenue par
le COS/LEPI rompt l’égalité entre les membres du corps électoral et ce, en
violation des dispositions constitutionnelles susvisées.
2.2. Sur
l’impossibilité pour tous les membres du corps électoral de disposer des
nouvelles cartes d’électeurs avant le premier tour du scrutin
Le COS/LEPI a annoncé
à grand renfort de publicité la distribution des cartes d’électeurs à partir du
5 février dernier s’agissant des départements de l’Alibori et du Borgou.
Or à ce jour, la
distribution des cartes n’est assurée que de manière éparse dans les différentes
localités de ces deux départements.
A titre d’exemple, à
ce jour, aucune carte d’électeur n’a encore été distribuée dans la commune
TCHAOROU (BORGOU) tout comme d’ailleurs dans les départements de l’ATLANTIQUE
et du LITTORAL dont la distribution était annoncée par le COS/LEPI pour le 7
février dernier et ceux de l’OUEME et du PLATEAU prévu pour le 9 février 2016.
Il s’agit d’un grave
manquement du COS/LEPI à sa mission.
Pire, Monsieur
Augustin AHOUANVOEBLA, Président du COS/LEPI dans les échanges qui ont suivi la
visite des candidats en les locaux du COS/LEPI le 4 février dernier, a indiqué
que la fabrication les cartes d’électeurs des départements de l’ATACORA et de
la DONGA ne sera terminée que le 10 février prochain.
Il est difficile de
croire en cette programmation dès lors que les premières échéances n’ont pas
été respectées.
Cependant, et pour
les seuls motifs de raisonnement, supposons vrai le délai de livraison au
COS/LEPI des cartes d’électeurs des départements de l’ATACORA/DONGA, soit le 10
février 2016.
Il est raisonnable
de prévoir 2 jours de délai de route du
lieu d’impression des cartes vers ceux de distribution, soit une arrivée
probable des cartes sur les lieux de distribution le 12 février prochain.
Il ressort de
l’article 183 du Code électoral que :
« (…) Le centre de distribution des cartes d’électeur est
ouvert pendant quinze (15) jours ininterrompus de huit (08) heures à dix-huit
(18) heures ».
Aussi, il convient
d’ajouter 15 jours à la date probable d’arrivée des cartes dans les localités
de l’ATACORA et de la DONGA.
Ainsi, dans le
meilleur des cas, la distribution des cartes dans ces deux départements sera
terminée le 27 février, soit à veille du premier tour de scrutin.
Au regard de ce que
dessus exposé, il est plus que vraisemblable que ces délais ne puissent pas
être tenus par le COS/LEPI compte tenu du retard d’ores et déjà accusé par
cette institution dans sa propre programmation.
En tout état de
cause, un tel délai, ne laissera plus le temps aux électeurs n’ayant pas
retrouvé leur carte d’électeur d’exercer leur droit de réclamation tout comme
d’ailleurs à la CENA pour assurer la distribution complémentaire des cartes prévue
à l’article 183 alinéa 8 de notre Code électoral qui dispose que :
« (…) A l’installation de la Commission Electorale Nationale Autonome
(CENA), une nouvelle distribution est organisée par celle-ci sur une période de
huit (08) jours ».
Il s’agit là de
disposition légale qui s’impose au COS LEPI qui ne peut s’en émanciper sauf à
violer les lois de notre pays.
Il est
demandé à la Cour de sanctionner toutes ces violations de notre Constituion.
PAR CES MOTIFS :
Il est demandé à la
Cour de Céans de :
INTERPELER
le Président du COS/LEPI ainsi que ses autres membres pour obtenir le point
réel de la production des cartes d’électeur,
CONSTATER
que le calendrier de distribution des cartes d’électeurs retenu par le COS/LEPI
ne permet pas à tous les électeurs béninois de disposer de leur carte avant le
premier tour de scrutin.
Si par impossible et
extraordinaire, le temps qui nous sépare du 28 février prochain ne permet au
COS/LEPI de rendre disponible les cartes d’électeurs au niveau de tous les
électeurs, alors il est demandé à la Cour de :
ENVISAGER des
solutions alternatives, en particulier, le vote du corps électoral au moyen des
cartes d’électeurs utilisées lors des dernières élections législatives :
DIFFERER d’une
semaine la date d’entrée en campagne électoral afin de permettre la mise en
œuvre des nouvelles dispositions,
RENDRE publiques
toutes ces décisions avant le 12 février prochain, date officielle initiale
d’entrée en campagne ;
CONSTATER que
le calendrier adopté par le COS LEPI et le niveau de distribution des cartes
d’électeur ne permettra pas, en tout état de cause pas, à la CENA d’assurer la
distribution complémentaire à l’article 183 alinéa 8 du Code électoral.
En conséquence :
ORDONNER au COS LEPI
de rendre public avec ampliation aux requérants et à la Cour Constitutionnelle
toute information qui permette aux candidats et plus généralement, à tous les
électeurs de connaitre le niveau d’impression et de distribution des cartes
d’électeur ;
DIRE ET JUGER
contraire à la constitution le refus du COS/LEPI de laisser les candidats
visiter le centre de fabrication des cartes d’électeurs ;
DIRE ET JUGER
contraire au Code électoral et à la Constitution le refus du Président du
COS/LEPI, Monsieur Augustin AHOUNVOEBLA, de communiquer aux candidats le taux
d’impression des cartes d’électeur, notamment, des départements dont les cartes
ont été et/ou n’ont pas encore été imprimées ;
DIRE ET JUGER
que par son comportement personnel et notamment par l’opacité qu’il entretient
sciemment sur les conditions d’impression et de distribution des cartes
d’électeurs, Monsieur Augustin AHOUANVOEBLA à violer l’article 35 de la
Constitution.
Maître Rufino S. d’ALMEIDA Honorable
Sacca LAFIA
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