Succession de Boni Yayi à la tête de l’Etat : Le Frère Melchior a parlé

 Albert Tévoédjrrè indique Pascal Irénée Koupaki
Face à l’allure de plus en plus mercantile que prend le débat relatif à l’élection présidentielle de 2016 au Bénin, le professeur Albert Tévoédjrè montre de nouveaux repères. Dans une déclaration solennelle le mardi 22 décembre 2015 à Azalaï hôtel à Cotonou, il a livré à ses concitoyens les conclusions de ses réflexions personnelles et rendu public son choix du futur locataire du palais de la Marina qui, d’après lui, permettra au Bénin de décoller réellement.



« Mon silence serait un péché. Un péché de non-assistance à patrie en danger.» C’est à travers ce préalable que le professeur Albert Tévoédjrè sort de son long silence. Le «  Renard de Djrègbé », comme il est surnommé, ne veut pas se faire condamner au silence. L’urgence en cette veille de la présidentielle revendique que la voix des aînés puisse guider les pas de la postérité dans ce désert d’incertitude. C’est pourquoi, Albert Tévoédjrè suggère que le quinquennat qui commence en 2016 doit être celui d’une transition de redressement national.
 A quelques mois de la présidentielle de 2016, les grandes formations politiques, dans un calcul d’apothicaire, piétinent à rendre public leur joker. La Renaissance du Bénin (RB)est devenue aphone. L’Union fait la nation (UN), selon les dernières informations, s’éloigne d’une candidature à l’interne.  D’autres, comme le Parti du renouveau démocratique (PRD), dans l’impossibilité de faire sortir un candidat à l’interne, rechignent également à être sincères dans le choix qui est le leur. Au sein de la famille politique du chef de l’Etat, tout est sens-dessus-dessous. Cela s’explique -à raison- par le choix-imposé du Premier ministre Lionel Zinsou, pour succéder à Boni Yayi. La candidature  de Lionel Zinsou fait ombrage à la candidature des ouvriers de  première heure des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), qui nourrissaient l’espoir de se voir confier le ‘’dauphinat’’. Face à ce tableau d’incertitudes, les opérateurs économiques les plus capés du pays se sont lancés dans la bataille pour la présidentielle. L’argent a donc pris le pas sur les débats d’idées et l’analyse objective des projets de société. En clair, la République a perdu ses repères. Elle est décimée par la corruption à tour de bras.

« Marchons au combat de la victoire sur nous-mêmes »

Selon l’octogénaire, le mal dont souffre le Bénin n’est pas dans les étoiles mais en nous-mêmes. D’où l’urgence d’un réarmement moral.   Il invite donc à échapper  à l’exploitation de leur pauvreté par la prise en otage, à travers l’argent de la servitude.  En préconisant une nouvelle logique  électorale, Albert Tévoédjrè espère que cette approche marquera une rupture  radicale  avec  les  pratiques actuelles liées à la  prédominance d’un grégarisme régional irréfléchi et à l’asservissement, par l’argent dont on ne se préoccupe jamais de l’origine. Si les Béninois ne marchent à l’unisson au combat de la victoire sur eux-mêmes, les grands problèmes de société qui agitent le monde, dont notamment la famille, auront la peau dure. Il en sera de même, prévient-il, des ravages de l’aveugle terrorisme  endeuillant l’Afrique et le monde.  Face à toutes ces interpellations, le silence sera coupable.

La voix du sage

Bien que retiré de la vie publique active depuis quelques années, Albert Tévoédjrè ne souhaite pas, dans le tournant délicat qu’amorce son pays, rester indifférent aux préoccupations du moment. Il a laissé entendre que face à la dédalle dans laquelle s’empeste le Bénin, le silence de tout responsable devient  complicité  dans  la  trahison  de  nos  valeurs,  de  notre  culture,  de  nos  chances  d’authentique développement. C’est justement pour éviter d’être comptable de la ruine de la République qu’en sa qualité de doyen des personnalités publiques de haut rang, Frère Melchior s’est résolu à parler. Fort de son expérience de la chose politique, celui à qui l’on attribue le don de prédire celui qui sera meilleur pour conduire les destinées du Bénin, a recommandé à ses compatriotes le projet de société de Pascal Irénée Koupaki.
 Selon lui, il sera difficile de sortir le pays du  persistant  marasme  dans  lequel  il  paraît  s’enliser,  à  moins  d’un  réarmement  moral  du  citoyen  béninois,  condition  primordiale  du changement de mentalité et de comportement.

Ce qu’il propose vraiment

Albert Tévoédjrè invite la Cour constitutionnelle à éclairer  la  nation, en prescrivant  aux  hommes  de  l’Economie  la  juste  orientation  de leur  implication  dans  la  gestion  des  affaires  du  pays  les conduisant à se situer dans l’honorable refus de la perfide confusion des rôles et des intérêts. Selon lui,  la  fonction publique,  premier  instrument  d’action du Chef  de  l’Etat, doit sortir inéluctablement   de  l’enfer  têtu  des  concours frauduleux  dont  les  auteurs  sont  connus  et  tiennent  à  se maintenir, perpétuant ainsi le mal de la gangrène sociale. Pour le doyen des personnalités publiques, aucun  candidat  ne  doit  se  trouver  dans  une  situation de  contradiction  et  de  confusion  des  intérêts  privés  ou publics, nationaux ou étrangers, pouvant porter atteinte à la  souveraineté  nationale,  nuire  au  développement  des populations et à une intégration régionale impérative.  Il ajoute que  tout  candidat  doit  répondre  à  nos  exigences  de culture vivante, comprendre et parler au moins une langue  du  terroir  national,  respecter  rigoureusement  notre Constitution en ce qui concerne la protection de la famille, et  ne  prendre  sur  ce  sujet  capital  aucun  risque  pouvant  faciliter  toute  vicieuse  propagande  extérieure  nuisible  à l’équilibre social béninois et africain.
Le combat à mener, et auquel il convie les Béninois, est de prendre leurs  responsabilités et de les faire connaître publiquement.


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