Coopération entre le Bénin et le Nigéria:Talon oublie l’essentiel

Talon semble ignorer le Nigeria dans ses calculs économiques
Depuis son investiture le 6 avril, ce n’est que le 12 mai dernier que le nouveau locataire de la Marina est allé au Nigéria. A son agenda, il n’était nullement inscrit la coopération entre les deux Etats frères, mais un sommet sur la sécurité régionale. Tout porte à croire que Patrice Talon ignore le fait que le Nigéria est un pays stratégique dans l’économie nationale.

Talon au Nigéria pour discuter de la coopération entre les deux Etats, les Béninois en rêvent. Mais le chef de l’Etat, lui, détient un agenda qu’il ne souhaite visiblement pas bousculer pour plaire. La posture élégamment singulière du chef de l’Etat inspire émerveillement mais aussi des craintes certaines. D’ailleurs, dans une interview qu’il a accordée à nos confrères du journal français Le Monde, le 20 mai dernier, Patrice Talon a tenté une explication à la question de savoir pourquoi il n’a pas réservé son premier voyage à la première économie du continent (Nigéria) au lieu de s’envoler vers le Togo, la Côte d’Ivoire et la France. « Je devais aller au Nigéria pour une visite bilatérale, mais nous n’avons pas pu caler une date avec le président Buhari. Je suis allé à Abidjan en visite privée et en visite de travail. Je suis allé en France pour des raisons médicales et, à cette occasion, j’ai rencontré le président Hollande », a indiqué le premier des Béninois. Somme toute, une visite de ce genre vers le Nigéria peut toujours attendre. Et pourtant ! C’est faire dans l’euphémisme que de dire que l’économie béninoise se porte mieux. Le commerce extérieur du Bénin vers le Nigéria avoisine près de 80%. De même, il serait une hérésie de pouvoir opérer des réformes économiques au Bénin sans tenir compte de la situation du Nigéria. La preuve. Les caprices du Naïra- monnaie nigériane- depuis l’élection de Mohammadu Buhari montrent la fragilité économique du Bénin vis-à-vis de la première puissance d’Afrique. La filière  véhicules d’occasion tourne de plus en plus au ralenti. Les activités, dans les marchés du pays, tournent mal. Il serait également une vue de l’esprit de penser que les régies financières tournent actuellement au cash flow.

Que faire ?


Face à cette réalité économique, il serait fortement souhaitable que le chef de l’Etat, outre le tête-à-tête qu’il a eu avec son homologue nigérian au détour du sommet régional sur la sécurité, puisse raviver les relations entre les deux pays.  L’Etat fédéré de Lagos étant en construction jusqu’à Badagry (ville située, côté nigérian, près de la frontière béninoise), le Bénin se doit d’apporter la réplique intelligente, au risque de voir son économie s’effondrer. Selon certains experts, cette infrastructure sera la première de l’Afrique de l’Ouest avec cinq voies dans chaque direction, avec au milieu une voie pour un tramway.  Les activités de réexportation inventées en 1973 par la révolution, qui ont permis au Bénin d’atteindre 11% de  taux de croissance selon le professeur John Igué, universitaire et ancien ministre béninois,  sont possibles si Talon sait appuyer sur les leviers qu’il faut. Car, les échanges commerciaux entre le Bénin et le Nigéria, c’est tous les jours.

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