Léhady Soglo distrait les Cotonois

Dans une émission radiodiffusée sur le bilan à mi-parcours de la gestion de la mairie de Cotonou, Léhady Soglo, premier responsable de cette ville, a fait observer qu’il faut environ 1000 milliards pour son assainissement. Une excuse facile, pour ne pas répondre de façon durable aux préoccupations des populations en matière d’assainissement de la ville.

L’assainissement de la ville de Cotonou est devenu une véritable hydre de Lerne pour les responsables municipaux. A chaque saison de pluie, les populations deviennent des locataires forcés de l’eau. Pendant ce temps le conseil municipal, avec sa solution 3CI (Cotonou en campagne contre l’inondation), peine  à trouver la formule nécessaire. Les populations d’Agla, de Vossa, d’Akpakpa, de Ste Rita, de Gbèdjromèdé et autres quartiers font constamment les frais de l’inondation. Après chaque inondation, la devanture de la mairie elle-même est un cas de conscience pour Léhady Soglo et sa troupe. Tels des fantassins sans munitions ils regardent, impuissants, la devanture de leur siège inondée. Mais face à ce tableau, Léhady Soglo pense être l’homme de la situation pour  Cotonou. Dans une émission radiodiffusée sur le bilan à mi-parcours de sa gestion, il fait observer qu’il  lui faut 1000 milliards (l’équivalent du budget annuel de l’Etat) pour l’assainissement total  de la ville. Une excuse facile, parce que le plus grand voyage commence toujours par un petit pas, dit-on. Avec les années passées à la tête de la mairie, Léhady Soglo et ses équipes respectives n’ont pas su convaincre les  Cotonois de leur capacité à faire mieux. Constat : le budget avancé par le maire pour pouvoir sortir ses administrés du calvaire annuel de l’inondation paraît  une forme de distraction arrogante. Au fait, les Cotonois ne lui demandent pas de faire de la magie ni de trouver des solutions hors de sa portée. Ils veulent simplement voir des actions concrètes pour espérer vivre mieux. L’opération la plus simple consisterait, pour Léhady Soglo et les siens, à  travailler par tranche, avec une forme moderne de communication, quitte à étendre le processus à l’ensemble du territoire de la ville. Cette formule serait plus pratique, au lieu qu’il attende la bagatelle de 1000 milliards, quand lui-même reconnaît que la mairie n’a mobilisé, avec l’apport des partenaires techniques et financiers, que 90 milliards depuis les 15 dernières années. En tout cas, Cotonou mérite mieux que la distraction.

Lutte contre le Sida oui, mais pas une priorité

Pendant que la ville patauge dans les eaux de ruissèlement, c’est à des panneaux géants qu’ont droit les populations. Impossible de circuler dans la ville sans que ces panneaux ne sollicitent votre regard. Et pourtant, la préoccupation prioritaire des Cotonois est ailleurs. Ils veulent sortir de l’eau.  Il est une évidence qu’ils ont aussi besoin d’être en bonne santé, mais entre leur vie aquatique et la sensibilisation sur le Sida, leur choix sera sans équivoque. Il importe donc que Léhady Soglo se concentre sur l’essentiel. La finalité d’une telle sensibilisation frise la satisfaction des intérêts personnels et individuels ; la participation à des sommets qui ne répondent pas aux urgences des populations. Au lieu de leur mettre plein la figure des affiches sur le Sida, il faudra se concentrer sur la satisfaction des intérêts généraux. Les Cotonois savent depuis des années comment se prémunir contre le Sida mais pas contre les inondations.