Il était grand temps !

 La décision du président Patrice Talon de donner un coup de pied dans la fourmilière ‘’chefs-lieux de départements ’’ à la fin de la semaine écoulée relève de l’audace, voire de la témérité. C’est une démarche fort courageuse, à apprécier à sa juste valeur, de la part du nouveau président de la République. C’est dire que l’option de donner la priorité aux réformes, telle que professée par le candidat Talon au cours de la campagne électorale pour la présidentielle de mars dernier, prend corps effectivement et dès les débuts de son quinquennat. C’est dire également que le nouveau locataire du palais de la Marina tient à marquer de certaines réformes capitales son passage au sommet de l’Etat, afin, sans doute, d’entrer à sa manière dans l’histoire politique nationale. S’il réussit à se donner les moyens susceptibles de lui conférer cette particularité d’être celui par qui des réformes nécessaires mais difficiles ont été opérées, ce sera tout à son honneur dans le concert des présidents béninois de l’ère démocratique ; d’autant que ses prédécesseurs, quoiqu’absolument conscients de cette nécessité, ont donné l’impression d’avoir opté pour une fuite en avant, fermant ainsi les yeux sur certains dossiers capitaux comme par souci d’éviter des réactions d’indignation et de désapprobation, tant de la part de la classe politique que des populations. Etait-ce la bonne formule ? On en doute. Car, que ce soit aujourd’hui ou demain, il faudra que ces ‘’dossiers en instance’’ évoluent, et que le débat politique y afférent trouve enfin l’issue qu’il mérite. C’est, sans nul doute, de cette réalité que le président Talon s’est laissé convaincre, en faisant l’option de braver tout ce qui pourrait constituer un obstacle pour lui, sur la voie menant à la mise en œuvre de la décision relative à la nomination des chefs-lieux des six nouveaux du Bénin. Il l’a fait et, comme on devait s’y attendre, des réactions de désapprobation n’ont pas tardé à accueillir la nouvelle. Mais il était grand temps que ce coup de pied audacieux fût donné dans la fourmilière ‘’Chefs-lieux de départements’’ afin que, si le débat doit refaire surface, ce soit le cas ; et que le dossier se vide finalement. C’est fait désormais. Et c’est tout à l’honneur de Patrice Talon dont le courage doit être loué, car la crainte de l’impopularité n’a pas été pour lui une entrave dans la prise de sa décision.

Sébastien DOSSA